LES DIMANCHES AU CHAMP DU FEU

Les dimanches au Champ du Feu

Lisette Haus, la fille du fondateur des Vosges Trotters Strasbourg, se souvient quant à elle de ses week-ends d'adolescente dans les années vingt au Champ du Feu, le terrain de ski des Strasbourgeois, dont elle évoque également le premier âge. "Nous partions en train de Strasbourg. Il y avait encore des wagons de quatrième classe à l'époque. Ils ressemblaient à une grande salle entourée de banquettes. Nous rangions les skis au milieu. Le train de Strasbourg mettait environ une heure trente pour aller jusqu'à Rothau dans la vallée de la Bruche. Du village, nous grimpions à pied. Pour arriver jusqu'au refuge des Vosges Trotters, il fallait compter deux heures à deux heures trente de marche. Notre chemin passait par le col de la Perheux puis la Serva. Nous montions avec les skis sur l'épaule et parfois, dans les bois du haut, quand la pente n'était plus trop forte, nous pouvions chausser. Les samedis après-midis, il faisait déjà nuit quand nous arrivions au chalet. Au début du ski au Champ du Feu, la ferme Morel était louée par le Ski Club Vosgien Strasbourg 1896. Il y avait un dortoir au premier, une cuisine et une salle à manger. C'est de la ferme que partaient les concours de ski. Le seul hôtel alors existant était l'hôtel Hazemann qui existe toujours. La fille des propriétaires de l'hôtel avait mon age, c'était une championne. Nous prenions généralement le déjeuner dans cet hôtel, une soupe au pois avec des saucisses. Mais il valait mieux se mettre à table à onze heures, car plus la matinée avançait, plus ils allongeaient la soupe qui n'était alors plus très nourrissante. Le jeudi, il n'y avait pas classe et tous les enfants qui venaient au Champ du Feu se connaissaient. C'était vraiment une ambiance extraodinaire. Le dimanche l'atmosphère était différente. Il y avait plus de monde et nous nous connaissions moins. Nous nous exercions au ski à la Serva. Les plus doués allaient sur des plus raides vers les téléskis actuels de la crête des Myrtilles".

En vacances de neige à la ferme.

En ce temps-là, les stations de sports d'hivers n'existent pas. Les adeptes du ski trouvent peu ou prou un moyen de se loger sur les ballons en plein hiver. Les Hautes Vosges ne comptent que quelques établissements hôteliers: l'hôtel du Grand Ballon, l'hôtel Freppel au lac Blanc, l'hôtel Hazemann au Champ du Feu, l'hôtel Welleda au Donon, en plus des auberges du col de la Schlucht et du Hohneck. Ces maisons offrent le gîte et le couvert aux excursionnistes de l'été. Elles sont souvent fermées en janvier. Jusqu'en 1914, personne ne s'aventure sur les crêtes gelées hormis quelques centaines de skieurs. Mais les hôtels ne sont qu'une solution provisoire car onéreuse. Chaque soir, les skieurs sans fortune doivent redescendre dans la vallée pour prendre le train de la ville. Ils ont tôt fait de conclure qu'il leur serait préférable de disposer d'un toit sur les sommets, un refuge, une hutte, où ils pourraient dormir et préparer un repas chaud. Les seules maisons qui peuplent les champs de neige sont les fermes. Ces quelques marcairies, condamnées à la solitude par le fermier fin septembre, seront leurs premiers chalets. Des accords sont signés avec les communes. Moyennant un loyer, les skieurs sont autorisés à y loger.

Le ski Club Vosgien Strasbourg 1896 s'installe à la ferme Morel au Champ du Feu et au lac Blanc où les skieurs se restaurent et logent à l'hôtel Freppel.


LES TEXTES SONT EXTRAITS DU LIVRE / UN SIECLE DE SKI DANS LES VOSGES, ET LA NUEE BLEU EDITIONS DE L'EST, écrit par Grégoire Gauchet

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Le Champ du Feu